« Pas facile d’aligner les animaux sans que les autres joueurs n’interfèrent ». Dans Animouv comme dans la vie, il n’y a qu’une nature que tous se partagent. Et celle-ci n’accepte jamais facilement de se mettre en ligne.
Temps de lecture estimé : 11 minutes
Animouv en bref
Animouv est une création de Martin Nedergaard Anderson (Bandido) illustrée par Philip Giordano.
Edité en 2016 par DJECO, Animouv c’est surtout l’une des bonnes pioches du fabriquant de jouets français. Bien qu’il se présente comme « un jeu de déplacement et de stratégie féroce », il obtiendra le prix Lys « Enfant » et une nomination aux As d’Or – Jeu de l’année catégorie « Enfant » 2017.

Contexte d’un safari ludique
Avec nos deux rédacteurs en herbe, nous conservons nos bonnes habitudes en nous rendant une fois toutes les quatorzaines à la ludothèque.
Dernièrement, nous sommes repartis avec Animouv mais avouons que cet emprunt relevait essentiellement d’une curiosité. Que vaut donc ce jeu qui affiche si fièrement sa nomination aux As d’Or ?
De retour à la maison, il faudra une première partie entre adultes pour que les enfants, dorénavant intrigués, ne finissent pas prêter un début d’intérêt au jeu.
Et finalement, ces derniers l’adopteront progressivement. Ils insisteront toutefois pour n’y jouer qu’en duel, c’est-à-dire uniquement à deux joueurs à l’image de la plupart des jeux à damiers.



Déroulement d’une partie d’Animouv
But du jeu
Dans Animouv, le but est de gagner le plus grand nombre de cartes « animaux ». Pour cela, les joueurs déplacent des jetons sur le plateau afin de réaliser les alignements d’animaux présents sur ces cartes.
Mise en place d’une partie pour 2 joueurs
Premièrement, mélangez les cartes et distribuez-en une à chaque joueur. Sur celle-ci sont représentés 3 animaux que chaque joueur tâchera d’aligner horizontalement, verticalement ou en diagonale. L’ordre des animaux n’a pas d’importance.
Posez le reste des cartes faces cachées au centre de la table afin de former une pioche.
Placez enfin les 12 jetons animaux aléatoirement sur le plateau en respectant le schéma indiqué dans la notice de jeu.


Déroulement d’une partie d’Animouv
Le joueur le plus jeune démarre puis tous jouent dans le sens des aiguilles d‘une montre.
Lors de son tour de jeu, le joueur peut déplacer un jeton de deux manières différentes. Soit sur une case adjacente libre, soit en le faisant « sauter » par-dessus un ou plusieurs jetons. Le jeton peut alors faire plusieurs sauts d’affilé dès lors qu’il n’y a pas de case libre entre sa case de départ et la première case qu’il « saute ». Il faut également qu’il y ait un emplacement libre derrière le ou les animaux qu’il saute pour pouvoir se poser après son « saut ».
Lorsqu’un joueur réussit à aligner les 3 animaux présents sur sa carte active, il la montre aux autres joueurs et garde cette carte face visible devant lui en guise de point gagné. Puis, il pioche une nouvelle carte et la partie reprend avec le joueur suivant.
Si à la fin de son tour, un joueur a aligné 3 animaux correspondant à la carte active d’un autre joueur, ce dernier n’attend pas son tour de jeu et montre sa carte. Il la gagne immédiatement et pioche ensuite une nouvelle carte. La partie peut reprendre normalement.


Fin de partie
La partie se termine quand toutes les cartes ont été ramassées. Le joueur qui en a remporté le plus est alors désigné gagnant.
Avis des marmailles
Comme des singes astronautes perdus dans l’espace
Certains ont peut-être découvert Philip Giordano à travers ses illustrations futuristes de Space Builder (2019), un autre jeu DJECO. Dans Animouv, il affiche un style non pas naïf mais résolument naturaliste.
Dans une interview accordée à NOBROW, Philip Giordano explique en effet que son objectif, lorsqu’il était encore étudiant à Torino, était de réaliser des illustrations scientifiques pour les magazines. Il pousse même plus loin l’explication pour décrire comment les animaux et les plantes sont devenus ses thèmes de prédilection : « Enfant, j’ai été frappé par une photographie de Margaret Mee […] dans l’un des magazines de jardinage de ma mère. Elle était suspendue au-dessus de la forêt dans l’intention de peindre une fleur dont l’espèce ne fleurit que la nuit […]. J’ai donc commencé à collectionner des plantes et en suis devenu un « nerd » à un âge précoce, espérant un jour devenir comme elle : une sorte de courageux explorateur très XIXe siècle, découvreur de nouvelles espèces. Et je savais déjà avec certitude que je voulais les dessiner ! »

Le style de Philip Giordano évoluera à la faveur d’un voyage. Il précise : « À un certain moment, cependant, j’en ai eu assez de représenter la réalité avec toutes ses ombres, ses nuances, ses proportions harmonieuses et ses règles ennuyeuses s’agissant de la perspective. J’avais besoin de simplifier, de ranger, de voir les choses d’un autre point de vue. Cela a coïncidé avec mon arrivée au Japon […]. Je suis immédiatement tombé sous le charme d’un certain style graphique japonais essentialiste et géométrique des années 1950 (Takashi Kono) et j’ai commencé à les observer et à les étudier ».
L’artiste définit donc le style de ses illustrations comme « abstrait, coloré et surréaliste ». Avec des formes géométriques, il créé des animaux qu’il représente le plus souvent avec une expression mélodramatique, « comme un singe astronaute perdu dans l’espace ».

Animouv : un jeu de stratégie féroce ?
A première vue, Animouv se présente comme un jeu de stratégie classique. Les déplacements s’effectuent en effet sur un quadrillage de 5 x 5 cases et rappellent les jeux à damier. C’est davantage par le biais des jetons animaux que les joueurs plongent dans une atmosphère enfantine.
Si on considère cette fois Animouv du point de vue de sa mécanique, à savoir un jeu d’optimisation de coups, la difficulté avantage clairement l’adulte. Si en revanche, on insiste plutôt sur l’aspect aléatoire du tirage des cartes « animaux » ou l’imprévisibilité des déplacements des autres joueurs, alors on remarque que les parties tendent à s’équilibrer. Car pour le plus grand bonheur des enfants, ce sont souvent les adultes qui réalisent l’alignement de la carte active des autres joueurs.
De notre côté, nous avons rapidement introduit quelques ajouts aux règles du jeu. D’une part, nous nous sommes vite contraints à ne pas pouvoir déplacer le jeton que le joueur précédent venait tout juste de jouer. Autant vous en convaincre dès maintenant, vous n’êtes pas de taille à lutter contre l’entêtement de vos enfants.
D’autre part, lorsque l’un des joueurs réalise un alignement, nous avons pris l’habitude d’annoncer « Animouv » sur le même modèle qu’un « Ticket » dans Les Aventuriers du Rail ou une tape dans la main à la Zombie Kidz Evolution. Ce gimmick n’est pas fondamental mais les parties n’en deviennent que plus féroces…
Liens utiles
Animouv :
Philip Giordano :
Flying Eye Books – Philip Giordano on I Ate Sunshine for Breakfast (NOBROW – 2020)
Un commentaire