Du personnel zombifié prend d’assaut votre école. Pour éviter un saccage, une seule solution : vous devez repousser cette horde. Zombie Kidz Evolution est un jeu coopératif et évolutif. Partie après partie, vos personnages préférés progressent jusqu’à débloquer de véritables pouvoirs de héros. Mais vos anciens professeurs, eux aussi, évoluent pour continuer à vous rendre la vie difficile !
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Zombie Kidz Evolution : le premier jeu « Legacy » pour enfants
Zombie Kidz Evolution est la réédition de Zombie Kidz (2013), une création d’Annick Lobet (Trésors Légendaires, Canopéa) pour LE SCORPION MASQUE. L’éditeur québécois souhaitait retravailler le jeu afin de l’adapter au format de sa gamme « Petits monstres ». Comprenez un matériel « plus luxueux » et des illustrations « modern[isé]es ». Le travail sur ces dernières a été confié à Nikao, un illustrateur qui a plusieurs fois donné satisfaction (La Chasse aux monstres, La Légende du Wendingo, Mia London).
Inspirée de la tendance « Legacy », l’ambition pour cette nouvelle mouture consistait à créer un « premier jeu évolutif pour enfants ». Zombie Kidz Evolution conserve les attributs d’un jeu coopératif dans lequel parents et enfants doivent se coordonner efficacement pour repousser une horde de zombies. Toutefois, à mesure qu’ils enchainent les parties, ils complètent la jauge de progression de leur livret et débloquent de nouveaux éléments de matériel. « Les zombies vont muter, les héros vont acquérir de nouveaux pouvoirs » et avec eux, les règles elles aussi évoluent.
Dans un thème habituellement réservé aux adultes, Annick Lobet a imaginé une mécanique inspirée de jeux tels L’Île Interdite ou Ghost Stories. Des parties rapides, des actions par tour, des personnages avec des actions spéciales. Toutefois, l’attrait majeur de Zombie Kidz Evolution repose peut-être davantage dans les surprises que réserve l’ouverture des fameuses enveloppes numérotées. Un ressort psychologique simple mais efficace qui encourage les « Kidz » à jouer encore et encore. Suffisant pour lui valoir d’être nominé à l’As d’Or 2019 et de remporter le prix Lys Enfant la même année.

Description de Zombie Kidz Evolution
Les zombies ont décidé d’envahir ton école. Et même si ta prof de français te rend la vie parfois difficile, tu ne voudrais pas que le gymnase et la bibliothèque soient saccagés ! Va falloir te charger de repousser ces créatures !
Zombie Kidz Évolution est un jeu qui va évoluer, s’enrichir au fil des parties que tu joues et des exploits que tu accomplis. Tu vas acquérir de nouveaux pouvoirs, mais les zombies deviendront plus féroces en retour…
Le trouver – 16,58 euros chez PHILIBERT (prix de vente conseillé) |
Comment joue-t-on à Zombie Kidz Evolution ?
But du jeu
Zombie Kidz Évolution est un jeu coopératif, c’est-à-dire que vous partagez un but commun. Vous gagnez ou vous perdez ensemble. Vous devez éliminer les zombies qui entrent dans l’école et cadenasser les portails avant qu’ils ne vous submergent.
Mise en place pour 1 à 4 joueurs
Posez le plateau de jeu au centre de la table. Tournez-le du côté « jour » ou « nuit » selon que vous jouiez à 2, 3 ou 4 joueurs. Le côté « nuit » possède en effet des ouvertures supplémentaires.
Placez 1 zombie au hasard sur chacune des cases Portail et formez une réserve avec les 4 zombies restants. Disposez-les au hasard et en file à côté du plateau.
Chaque joueur choisit un héros et le pose ensuite dans la salle rouge au centre du plateau. Les héros restants sont remis dans la boîte.

Déroulement d’une partie de Zombie Kidz Evolution
Jouez à tour de rôle, dans le sens des aiguilles d’une montre. Lorsque vient votre tour, réalisez les actions suivantes en veillant à respecter cet ordre :
1- Faites entrer un zombie dans l’école
Lancez le dé zombie puis posez le premier zombie de la file dans la salle de la même couleur que le dé. Seule exception : si vous obtenez la face « blanche », bonne nouvelle, aucun zombie n’entre en jeu !
2- Déplacez votre héros vers une case adjacente ou laisse-le sur place
Pour que deux cases soient considérées comme adjacentes, il doit y avoir une ouverture entre les deux cases.
Dans certains cas, vous devrez appliquer la règles des trois zombies. Vous ne pourrez pas faire entrer votre héros dans une case où se trouvent déjà 3 zombies ou plus. De même, vous ne pouvez pas laissez votre héros en place si un troisième zombie est ajouté sur sa case. Déplacez-le immédiatement sur une case adjacente de votre choix.

3- Vous pouvez éliminer jusqu’à 2 zombies
Remettez-le(s) tout simplement en fin de file.
4- Posez un cadenas sur une case Portail
Si votre pion héros se trouve sur la même case Portail qu’un autre héros, vous pouvez alors verrouiller ce portail. Tapez-vous dans la main puis posez un cadenas sur la case.
Fin de partie
Vous gagnez la partie si vous parvenez à placer un cadenas sur chacune des 4 cases Portail.
A l’inverse, vous perdez s’il n’y a plus de zombie dans la réserve alors qu’il vous faudrait en placer un sur le plateau.
A télécharger – Règles du jeu complètes (FR) de Zombie Kidz Evolution |
Avis des marmailles
Voici venu le temps… des monstres gentils
Autopsie d’un Carnet d’auteur
Dans un « Carnet d’auteur » pour Tric Trac, Annick Lobet explique que l’histoire de Zombie Kidz Evolution a commencé en 2011. Christian Lemay, fondateur du SCORPION MASQUE, lui propose de créer « un jeu de zombies ». La conception commence par la prise en compte de contraintes posées par la maison d’édition : « À ce moment-là, la gamme enfant […] se présente dans une petite boite, il me faut donc penser le matériel en fonction de ce format. »
Après une première étape de développement peu convaincante, ce qui deviendra Zombie Kidz prend forme. A ce stade, la mise en place invite les joueurs à composer un cimetière à l’aide de 9 cartes. Ils doivent ensuite se coordonner pour empêcher des zombies matérialisés par des pions Tombe de prendre le contrôle d’un cimetière. Comme dans le jeu actuel, leur entrée se fait de manière aléatoire à l’aide d’un dé. Et là encore, la condition de victoire consiste à verrouiller en duo une série de portails.

Annick Lobet juge que les changements introduits améliorent la dynamique de jeu. Elle indique : « À présent, la coopération s’appuie sur des échanges verbaux entre les joueurs pour synchroniser leur actions, pour ne pas laisser se former un groupe trop puissant de zombies ou pour se rejoindre afin de fermer un portail. »
Restent des derniers réglages à peaufiner, lesquels concernent principalement une variante pour deux joueurs. L’équilibre de ce mode de jeu suppose de faciliter les déplacements. Pour ce faire, l’auteure décide donc d’ajouter des possibilités de mouvements en diagonale. Cet ajout, simple en apparence, va au final métamorphoser Zombie Kidz : « Comme certains jeunes joueurs ont du mal à comprendre les déplacements autorisés, l’idée de tracer des chemins entre les tombes apparaît. Finalement Christian décide de remplacer les cartes par un plateau et des pions cadenas pour simplifier la mise en place. »

Fear the zombies plutôt marrants
S’agissant du thème en apparence « monstrueux » des zombies, pas d’inquiétudes à avoir pour les parents. Le jeu se rapproche davantage de la colorimétrie du jeu vidéo Splatoon que de la série The Walking Dead. Et encore moins d’un épisode de la saison 4 de Stranger Things. Un choix qui relève de l’anecdotique pour Annick Lobet : « Pour moi, ça n’a jamais été quelque chose de problématique : les fantômes, les momies font partie de l’imaginaire enfantin, alors pourquoi pas les zombies ? Tout est dans la façon de traiter le thème. »
L’auteure raconte à ce sujet une mésaventure qui prête à sourire mais qui, pour cette même raison, mérite d’être connue : « Pour la première version, j’ai fait des tests dans une maternelle et j’ai eu une réaction assez outrée de la directrice. J’ai bien cru que j’allais devoir repartir avec mon proto sous le bras. Elle m’a finalement laissé faire après avoir vu les illustrations et écouté mes explications. […] On a quand même quelques personnes que le thème étonne mais quand ils voient le jeu, ils comprennent qu’en fait il n’y a rien d’effrayant, ni de violent : les zombies sont plutôt marrants et les héros sont armés de jouets ! »

Zombie Kidz évolue
A l’origine était une mini-extension…
Deux mois après la sortie de Zombie Kidz, Annick Lobet a l’idée d’ajouter une « variante expert » au jeu de base. Dans celle-ci, les personnages se voient octroyer des pouvoirs particuliers tandis que ce ne sont plus un mais deux zombies qui font leur entrée dans le cimetière à chaque tour. Chaque personnage dispose également d’un « boost » qu’il ne pourra utiliser qu’une seule fois au cours de la partie.
Chistian Lemay teste cette variante d’abord conçue sous la forme d’un Print & Play. La jugeant concluante, il décide de produire une mini-extension pour la proposer en tirage limitée au FIJ de Cannes 2014. Et, même si LE SCORPION MASQUE n’ajoutera pas ce supplément à la boîte originale, il vient sans le savoir d’ouvrir la voie pour une potentielle réédition. Il faudra attendre 2017 pour que le studio sollicite à nouveau Annick Lobet…
…puis Nikao redonna vie aux zombies
Dès le départ du projet de réédition, Christian Lemay affiche des ambitions : « Nous voulions refaire Zombie Kidz […] avec des illustrations qui claquent, en adéquation avec l’univers visuel des films et séries que regardent la jeunesse d’aujourd’hui ». Exit donc le cimetière ! Nos héros des temps modernes défendront désormais une école contre les membres du personnel zombifiés.

Les premiers croquis de Nicolas Francescon alias Nikao donnent une belle impression graphique mais soulèvent des interrogations. Annick Lobet les résume comme suit : « La première version du nouveau plateau ressemble plus à un campus qu’à une école et les pions héros auraient l’air disproportionnés par rapport aux bâtiments ». Une grande partie de la solution viendra de Manuel Sanchez, directeur créatif du SCORPION MASQUE. Il a l’idée de remplacer le campus par un seul et même bâtiment. De simples portes entre les différentes pièces indiqueront à présent les mouvements autorisés.
Au demeurant, Nikao parviendra à renouveler l’identité visuelle du jeu. Le résultat final représente un environnement plus coloré et certainement plus riche en détails que l’original. Le style de l’ensemble illustre à merveille quelques facettes de l’artiste. Quelque chose de très rond, un rendu entre le stop motion et l’animation par ordinateur. Ce résultat se retrouve dans d’autres jeux de l’éditeur. Il suffit de comparer nos quatre héros au personnage de Mia London ou encore aux scouts de La légende du Wendigo.
« Legacy » versus jeu « évolutif »
Un « Legacy », vous dites ?
On a coutume de présenter Zombie Kidz Evolution comme un jeu « Legacy ». Pour certains, ce terme renvoie à des jeux « à usage unique ». Une manière de dire que le matériel évolue au fil des parties. Soit du côté de l’altération du matériel, soit de celui de la pure et simple destruction de quelques pièces. Pour d’autres, il s’agit plutôt de jeux avec une narration basée sur un principe de « campagne ». Les choix opérés lors de certaines parties ont des conséquences sur le déroulé des parties suivantes.
C’est en 2018 que l’idée de transformer Zombie Kidz en une sorte de « Legacy » germe dans l’esprit de Christian Lemay. La seule limite qu’il pose à ce principe est de ne pas « demander à des enfants de détériorer leur matériel ». Le jeu doit « rester jouable indéfiniment » comme il doit rester possible de revenir à tout moment aux règles de base. Plus précisément, « [l]’idée est de dispatcher du matériel additionnel et de nouvelles règles […] dans des enveloppes que les joueurs pourront ouvrir après avoir réaliser certaines missions. Ainsi le jeu s’enrichira progressivement ».

Ainsi, Zombie Kidz se voit agrémenté d’un livret – « le Guide du chasseur de zombies » – et de 13 enveloppes numérotées et cachetées pour ne pas être trop facilement tenté de les ouvrir. A la fin de chaque partie, les joueurs apposent un sticker « cerveau » sur une jauge de progression. Des missions sont également proposées comme autant de petits défis qui accélèreront la transformation du jeu. Car, à chaque palier, les « Kidz » auront le plaisir d’ouvrir une enveloppe. A l’intérieur, ils découvriront du matériel additionnel qui fera évoluer leur expérience de jeu.
Une digression vers un jeu « évolutif »
Lors des premiers tests, ce nouveau système « Legacy » semble bien motiver les enfants mais la progression est jugée trop lente. La suite du développement de Zombie Kidz Evolution consistera donc à parvenir à un rythme d’avancement équilibré. Il s’agira également de trouver le bon « ordre d’apparition des différents éléments pour que la difficulté [elle aussi] soit progressive ». Aux règles de bases s’ajouteront donc progressivement des règles avancées. Les personnages se mueront en héros à l’aide de pouvoirs tandis que les zombies se métamorphoseront en « super-zombies ». Eux aussi seront pourvus de capacités spéciales que des joueurs bien malins sauront certainement tourner à leur avantage.

Cependant, lorsqu’ils évoquent Zombie Kidz Evolution, Christian Lemay comme Annick Lobet préfèrent parler d’un « jeu de type Legacy » ou, plus simplement, d’un jeu « évolutif ». Le premier aime à souligner quelques différences avec d’autres jeux comme Pandémie Legacy par exemple. Dans ce dernier, « on ne fait pas qu’ajouter des éléments, on en remplace aussi, ce qui marque plus une transformation : le jeu se modifie plutôt qu’il se dévoile ». Zombie Kidz Evolution « pourrait lui être considéré comme un long tutoriel, même si dans les faits, le jeu « final » n’a jamais été, dans notre esprit, le « vrai » jeu ». Autrement dit, l’introduction progressive de règles complexes a toujours été préférée à la transformation du contenu même d’une partie.
Annick Lobet, dans une interview pour Ludovox, précise pour sa part : « même si j’ai moi-même souvent utilisé le terme « Legacy », il me semble qu’il serait finalement plus approprié de parler de jeu « évolutif » […] parce que le jeu va évoluer indépendamment des choix que tu vas faire. La montée en puissance est préprogrammée, ce sera donc la même pour tout le monde. Elle sera juste plus ou moins rapide selon la réussite ou pas des missions proposées.«
Zombie Kiz Evolution : un jeu coopératif, évolutif et addictif !
Zombie Kidz Evolution se présente en définitive comme un jeu coopératif et évolutif. Une évolution qui doit d’ailleurs s’envisager dans les deux sens. Car, si l’introduction progressive de règles avancées vise à faciliter leur assimilation, il est à tout moment possible de revenir au jeu de base si on juge ces dernières trop compliquées. Egalement si on souhaite initier en douceur un nouveau joueur.
Lors des premières parties, Zombie Kidz Evolution rappelle quelques sensations d’autres jeux pour enfants. On pense, par exemple, aux Aventuriers du Rail : Mon Premier Voyage. Plus particulièrement, au fait de devoir dire « ticket » à chaque carte destination complétée. Ici, il s’agira de se taper dans la main dès qu’on verrouille une case Portail. La mécanique de jeu, simple en apparence, suppose un minimum de stratégie et de coordination. Les joueurs lui découvriront une certaine profondeur à mesure qu’ils introduiront des règles avancées.
Les principales critiques qu’il serait possible d’adresser à Zombie Kidz Evolution sont assez bien résumées dans un avis Tric Trac intitulé « Les Kids ont apprécié, moi très peu ». On peut lire : « Le seul côté addictif pour les enfants étaient d’enchainer les parties jusqu’à […] ouvrir les 13 enveloppes en priant que le gadget concerne enfin le personnage qu’on s’est approprié depuis la première partie. […] Mais franchement, le plaisir ludique est biaisé. C’est comme vouloir finir une série de mauvaise qualité uniquement pour dire qu’on l’a fini ». Il est vrai que la jauge de progression et ses enveloppes à ouvrir rendent les enfants littéralement addicts parce qu’elles s’appuient sur un ressort psychologique puissante : le fameux circuit de la récompense. Mais « l’internautateur » aurait alors dû soulever à la question suivante : que devient le jeu une fois toutes les enveloppes ouvertes ?

Zombie Kidz Evolution présente du potentiel pour de futures extensions. Bien qu’il aurait été intéressant d’approfondir l’aspect jeu à « campagne », c’est-à-dire la dimension narrative, les possibilités actuelles de personnalisation stimulent déjà grandement l’imagination des enfants. Si vous recherchez d’autres jeux coopératifs du même genre, risquez-vous à affronter un volcan dans SOS Dino.
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